C’est une question de tous les temps, ceux passés et à venir. L’identité ? Il y en a plusieurs définitions à ce concept. A vrai dire l’identité est inchoative, elle est inscrite dans le temps. Elle est toujours en devenir et à venir. «L’identité n’est pas donnée une fois pour toutes, elle se construit et se transforme tout au long de l’existence», disait Amin Maalouf.
Par ailleurs, une identité doit être ouverte sur l’autre dans sa culture, sa langue… Dans cet esprit, Heinz Pagels écrit que «c’est de l’identité qu’est née la différence.» Il va sans dire que la diversité de l’identité marocaine fait sa richesse. Une identité qui se partage avec plusieurs composantes culturelles, linguistiques, patrimoniales…Une identité qui s’ouvre sur l’humanité. «L’identité marocaine est substantiellement composite, hybride, constituée de plusieurs traces et ce sont, justement, ces différentes traces (arabe, amazighe, islamique, judaïque, africaine, andalouse, méditerranéenne, etc.) qui justifie le sens d’être marocain, c’est-à-dire un être pluriel et cosmopolite», estime le chercheur Atmane Bissani. D’où la nécessité de sa préservation et la promotion du patrimoine et sa mise en valeur. L’identité constitue la spécificité de chaque peuple et tissu social. «Un peuple sans mémoire est un peuple dont l’existence passe pour nulle et non avenue. Notre mémoire collective en tant que marocains (arabes, amazighs, musulmans, juifs, etc.) est censée, aujourd’hui plus que jamais, nous fournir les éléments nécessaires nous permettant de réhabiliter le sens du vivre-ensemble et celui de penser positivement l’avenir, notre avenir en tant que nation et en tant que peuple nanti d’un passé et ouvert sur le possible», ajoute-t-il. L’identité marocaine est ancrée et enracinée dans l’histoire. Pour le chercheur, Jean Zaganiaris voit qu’ «aujourd’hui, les discours qualifiant l’identité marocaine comme étant schizophrénique sont obsolètes. Il s’agit plutôt d’essayer de comprendre la façon dont l’identité marocaine s’inscrit dans une pluralité de modes de vie et de pensées». «Le sens de l’identité a un caractère flou. Nous entendons souvent ce terme ces derniers temps. Pourquoi ? Tout simplement parce que nous traversons une crise d’identité. Des Marocains se revendiquent modernes, d’autres se revendiquent traditionnels, d’autres religieux, d’autres laïcs», indique Nadia Essalmi, éditrice. De son côté, l’écrivain et journaliste Abdelhak Najib, quant à lui, souligne que la richesse de l’identité marocaine réside essentiellement dans sa diversité, et grâce, selon lui, à son ancrage séculaire, avec des valeurs claires, autour de la paix, l’ouverture à d’autres cultures, la tolérance, le dialogue et le partage. Le réalisateur Kamal Hachkar définit l’identité marocaine comme une identité «plurielle comme le reconnait notre constitution. Elle est riche et forte de cette diversité. Nous devons assumer davantage notre africanité. Notre pluralité est notre vaccin contre les discours extrémistes et obscurantistes».
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Abdelhak Najib, écrivain, journaliste et animateur télé
«Pour savoir où l’on va, il faut savoir d’où l’on vient»
Qui nous sommes ? Que voulons-nous ? Quel Maroc pour demain ? Quelle société et quel projet de vie dans la communauté, basé sur une identité sans ombres? C’est à travers ces questions que le journaliste et l’écrivain Abdelhak Najib interroge la société marocaine de demain. Il est estime que la richesse de l’identité marocaine réside essentiellement dans sa diversité, et grâce, selon lui, à son ancrage séculaire, avec des valeurs claires, autour de la paix, l’ouverture à d’autres cultures, la tolérance, le dialogue et le partage. Les détails.
Al Bayane :«Il n’y a rien de mieux pour conclure le Discours que je t’adresse, cher peuple, que de te rappeler la nécessité de préserver l’héritage précieux que nos ancêtres nous ont légué, à savoir l’identité marocaine authentique qu’on nous envie». Quelle lecture faites-vous de la question de l’identité telle qu’exprimée par SM le Roi dans son dernier discours à la nation à l’occasion de la fête de trône ?
Abdelhak Najib : SM le Roi a posé la question de l’identité à un moment de l’histoire du Maroc où les valeurs vacillent entre dogmatismes, idéologies hybrides et démagogies de tous poils. Les Marocains dans leur diversité, qu’ils soient d’origine arabe, berbère, sahraouie, africaine, ont un référentiel commun qui est l’identité marocaine. Celle-ci est riche dans sa diversité, grâce à son ancrage séculaire, avec des valeurs claires, autour de la paix, l’ouverture à d’autres cultures, la tolérance, le dialogue et le partage. Ce discours et ce rappel tombent à point nommé puisqu’ils permettent de recadrer la scène publique, sociale et politique marocaine, en proie à des dérapages dangereux. Pour savoir où l’on va, il faut savoir d’où l’on vient. C’est en somme cela le fin mot de l’histoire. Qui nous sommes ? Et que voulons-nous ? Quel Maroc pour demain ? Quelle société et quel projet de vie dans la communauté, basé sur une identité sans ombres? Les Marocains d’aujourd’hui semblent avoir perdu de vue leur histoire, leur culture, leur diversité, le fondement même de leur identité qui est justement cette richesse, puisée dans de nombreuses sources civilisationnelles. Arabité, amazighité, africanisme, culture méditerranéenne, peu de pays peuvent afficher une telle force de culture. C’est cela la véritable particularité de ce pays. C’est aussi son salut.
Quelles sont actuellement les tâches des intellectuels (écrivains, artistes et créateurs) en matière de préservation de notre mémoire marocaine authentique ?
L’intelligentsia marocaine ne doit pas rater ce rendez-vous avec l’histoire comme elle est toujours passée à côté d’autres rendez-vous cruciaux dans le passé. L’immobilisme, la politique du regard détourné, le mutisme et l’attentisme n’ont plus droit de cité. Chacun est appelé à prendre ses responsabilités dans une société où il est acteur majeur. Artistes, écrivains, penseurs et autres scientifiques doivent se mouiller, agir, réagir, ouvrir des débats pour poser des problématiques, créer un espace de dialogue pour cerner les choses, comprendre ce qui se passe, ce qui se rame, de quoi sera fait demain pour un Maroc, il faut dire qui ne sait plus à quel saint se vouer. L’identité marocaine est au cœur de cette prise de conscience et de responsabilité. On ne le répétera jamais assez c’est maintenant ou jamais. Les enjeux sont énormes, il en va de la stabilité d’un pays qui a toujours donné l’exemple en matière de sécurité, de vie politique stable et surtout d’un réel ancrage historique en adéquation avec les héritages culturels du Maroc. Il se trouve que le silence des intellectuels marocains est assourdissant. Wait and See, on verra bien ! Cela ne peut plus durer quand la société vit de graves scissions idéologiques entre modernité et obscurantismes. Il faut monter au créneau, s’engager, militer, donner de la voix pour se faire entendre. Autrement, cette démission sonne le glas d’une époque de grand espoir balayée par les démagogies assassines.
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Atmane Bissani, professeur universitaire
«L’identité marocaine est substantiellement composite»
Atmane Bissani est professeur universitaire, écrivain et chercheur. Il a consacré une part de sa recherche aux questions de l’identité et celles de l’altérité. «L’identité marocaine trouve donc son bien-fondé dans ce qui la rattache à ce qu’elle ‘’fut’’, à ce qu’elle ‘’est’’ et à ce qu’elle ‘’serait’’» dit il. Pour lui, le «sens ‘’identité’’ et ‘’altérité’’ sont deux notions complémentaires en ceci qu’une identité ne peut avoir un sens que concomitamment avec celui de l’altérité.» Entretien.
Al Bayane :Comment définissez-vous «l’identité marocaine» ?
Atmane Bissani : L’identité marocaine est substantiellement composite, hybride, constituée de plusieurs traces et ce sont, justement, ces différentes traces (arabe, amazighe, islamique, judaïque, africaine, andalouse, méditerranéenne, etc.) qui justifie le sens d’être marocain, c’est-à-dire un être pluriel et cosmopolite. L’identité marocaine trouve donc son bien-fondé dans ce qui la rattache à ce qu’elle «fut», à ce qu’elle «est» et à ce qu’elle « serait » ; elle est en fait une identité qui n’est pas close – pour reprendre ce mot d’Abdelkébir Khatibi -, elle est l’œuvre du temps, elle est toujours à venir dès lors qu’elle se nourrit du dialogue et de l’entretien (infini) qu’elle ne cesse d’établir avec d’autres identités.
Y a-t-il un lien entre l’identité et l’altérité, cette ouverture sur l’autre dans sa différence?
A mon sens «identité» et «altérité» sont deux notions complémentaires en ceci qu’une identité ne peut avoir un sens que concomitamment avec celui de l’altérité. C’est en fréquentant l’autre, en côtoyant l’étranger, le différent que l’identité du même connait son véritable épanouissement et son réel éclat. L’affirmation de l’identité doit forcément passer par l’épreuve, l’expérience de l’altérité. C’est, en effet, grâce à cette épreuve de l’étranger que le même découvre ce qu’il est ou ce qu’il n’est pas. Or, comme l’étranger est ailleurs, au-delà des sphères territoriale et culturelle du même, la complicité du regard croisé a lieu entre le même et l’autre ce qui permet au sens de l’«inter» de prendre place, à l’échange de prendre forme et à la reconnaissance inconditionnelle de la différence de l’autre de se manifester.
A votre avis, comment peut on faire de la richesse et de la pluralité de notre mémoire un vecteur de développement de la Nation ?
Il va sans dire que la mémoire est le lieu qui justifie une appartenance culturelle et identitaire. Un peuple sans mémoire est un peuple dont l’existence passe pour nulle et non avenue. Notre mémoire collective en tant que marocains (arabes, amazighs, musulmans, juifs, etc.) est censée, aujourd’hui plus que jamais, nous fournir les éléments nécessaires nous permettant de réhabiliter le sens du vivre-ensemble et celui de penser positivement l’avenir, notre avenir en tant que nation et en tant que peuple nanti d’un passé et ouvert sur le possible. Notre mémoire (il faut (re)voir ce qu’en disent littérature, arts et histoire) soutient notre appartenance au monde tout en nous procurant les moyens et les manières de faire face aux idées et positions étrangères (elles nous viennent d’où, exactement ?) à notre identité cultuelle et culturelle telles le repli identitaire, l’intégrisme, le fanatisme, le refus du différent. Ce qui prime, par ailleurs, aujourd’hui, demeure l’enseignement des diverses facettes qui constituent notre mémoire marocaine aux générations futures, leur apprendre à tirer profit des valeurs que renferme notre mémoire culturelle et cultuelle au lieu de les laisser à la merci de l’obscurantisme et des idéologies de la haine et de la mort qui envahissent l’espace public de nos jours à l’échelle mondiale. Ceci dit, il me semble que pour aller de l’avant il faut cultiver le sens de l’imaginaire, et cultiver le sens de l’imaginaire ne peut aller sans cautionnement de la mémoire.
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Kamal Hachkar, réalisateur franco-marocain
«Notre pluralité est notre vaccin contre les discours extrémistes et obscurantistes»
Les questions de l’identité et de la mémoire sont au cœur des travaux cinématographiques du jeune réalisateur Kamal Hachkar. Il œuvre à travers le cinéma pour un métissage culturel entre toutes les composantes constituant l’identité marocaine plurielle, à savoir amazighe, arabe, juive, méditerranéen ou encore africaine. L’identité marocaine est « plurielle comme le reconnait notre constitution. Elle est riche et forte de cette diversité. Nous devons assumer davantage notre africanité. Notre pluralité est notre vaccin contre les discours extrémistes et obscurantistes», souligne-t-il. En effet, après son documentaire «Tinghir Jerusalem», le réalisateur continue son aventure artistique en explorant cette mémoire judéo-marocaine à travers un autre documentaire qui jette la lumière sur des jeunes artistes juifs et musulmans.
Al Bayane :Vous êtes l’un des réalisateurs marocains travaillant sur l’identité marocaine collective. D’abord pourquoi ce choix ? Ensuite, comment l’art, le cinéma en particulier, peut conserver, faire connaitre et promouvoir cette mémoire ?
Kamal Hachkar : Je travaille sur cette question des identités car elle m’a toujours interpellé depuis mon plus jeune âge. Enfant d’immigré en France, j’ai dû interroger mes différentes appartenances identitaires. Rien n’était évident. Nous sommes toujours l’étranger de quelqu’un et d’ailleurs cette mise à distance me permet de poser un regard singulier sur nos histoires. Puis c’est une question universelle et surtout très contemporaine. Tous les désordres mondiaux sont liés en partie à une grave crise identitaire. Bien sûr le cinéma est le reflet de ces questionnements. Il transmet des histoires qui peuvent empêcher l’amnésie. C’est fondamental. «Tinghir Jerusalem» est devenu un document patrimonial. Le documentaire doit être davantage soutenu au Maroc.
Comment définissez-vous l’identité marocaine ?
Elle est plurielle, comme le reconnait notre constitution. Elle est riche et forte de cette diversité. Nous devons assumer davantage notre africanité. Notre pluralité est notre vaccin contre les discours extrémistes et obscurantistes.
Parlez-nous de votre nouveau projet cinématographique qui reflète une partie de notre mémoire et identité marocaines ?
Je continue d’explorer cette mémoire judéo-marocaine à travers le portrait de jeunes artistes juifs et musulmans qui perpétuent à travers leur art, notre histoire commune et plurielle. Ensuite je m’attaquerais à l amazighité, encore un sujet sur nos identités…
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Jean Zaganiaris, enseignant chercheur
«L’identité marocaine s’inscrit dans une pluralité de modes de vie et de pensées»
Jean Zaganiaris est enseignant chercheur et chroniqueur de textes littéraires. Il s’intéresse à la sociologie et à la philosophie. «Aujourd’hui, les discours qualifiant l’identité marocaine comme étant schizophrénique sont obsolètes. Il s’agit plutôt d’essayer de comprendre la façon dont l’identité marocaine s’inscrit dans une pluralité de modes de vie et de pensées», dit il. Dans cet entretien, il donne sa vision sur la question de l’identité. Les propos.
Al Bayane :Y a-t-il une définition sociologique à la question de l’identité ?
Jean Zaganiaris : Il y a différentes approches en sciences humaines pour penser la question de l’identité. D’une part, vous avez celles qui cherchent à rendre compte des caractéristiques identitaires ancrées au sein d’un espace géographique ou culturel donnés. D’autre part, vous avez celles qui considèrent l’identité comme une construction sociale forgée à partir d’une vision culturaliste et bien souvent normative de la société. Et puis vous avez tout un ensemble d’approches combinant à des degrés variables ces deux orientations.
Quel regard portez-vous sur l’identité marocaine ?
A ce niveau, je suis très proche des propos de Paul Pascon qui parle de la société marocaine comme d’une société composite. Il montre que dans une même famille marocaine, vous avez plusieurs manières de construire et d’affirmer son rapport à l’identité. Aujourd’hui, on pourrait parler «d’individu composite» qui combine en lui-même plusieurs rapports aux valeurs. Vous avez des gens qui ont un attachement personnel au conservatisme, une adhésion professionnelle aux logiques néolibérales et une attirance politique vers des modes de vie gauchistes. D’autres combinent un attachement profond à la spiritualité religieuse avec des modes de vie libertaire. Aujourd’hui, les discours qualifiant l’identité marocaine comme étant schizophrénique sont obsolètes. Il s’agit plutôt d’essayer de comprendre la façon dont l’identité marocaine s’inscrit dans une pluralité de modes de vie et de pensées. C’est l’objet de la recherche que je mène ici depuis une dizaine d’années.
Vous êtes aussi chroniqueur de textes littéraires. L’identité a-t-elle eu un impact sur la littérature marocaine ?
Oui, on la retrouve d’une manière ou d’une autre. Depuis Driss Chraïbi jusqu’à Aziz Cheddadi, un jeune auteur contemporain qui a publié récemment en auto édition un roman d’amour intitulé «Passion point nette», l’évocation identitaire fait partie de la littérature marocaine. Toutefois, elle n’est pas évoquée dans un cadre sociologique. Chez Maria Guessous ou Mamoun Lahbabi, par exemple, l’identité s’inscrit dans le cadre d’univers fictionnels inventés. C’est également le cas dans le roman d’Abdellah Baida, «Le dernier salto», qui s’amuse à jongler avec les mutations post- identitaires de ses personnages. L’un des écrivains à être allé très loin sur cette question est Abdelkébir Khatibi qui a fait de l’identité marocaine un personnage de roman. Saisir le grand secret de l’identité, nous dit-il, c’est comprendre que « l’autre » est en « moi » et que « moi » je suis « dans l’autre ». L’essentiel de l’identité se trouve dans ce qui nous rapproche de l’autre ; pas dans ce qui créé des frontières entre des «eux » et des «nous» imaginaires.
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Nadia Essalmi, éditrice
«Quand j’édite un livre, je tiens à préserver l’identité marocaine»
«Àtravers les siècles, le Maroc a toujours été une terre sur laquelle se sont croisées différentes identités spirituelles et culturelles, religions, croyances et langues, dans le respect mutuel. Le peuple, riche de sa diversité, partageait les traditions et les valeurs en toute quiétude. Les artistes, quant à eux, sont les messagers de cette richesse». Dixit Nadia Essalmi, éditrice. Les propos
Al Bayane :Entant qu’éditrice comment vous-voyez l’identité marocaine ?
Nadia Essalmi : Le sens de l’identité a un caractère flou. Nous entendons souvent ce terme ces derniers temps. Pourquoi ? Tout simplement parce que nous traversons une crise d’identité. Les tristes événements qui ont secoué notre pays ont en quelque sorte ébranlé son identité. Des Marocains se revendiquent modernes, d’autres se revendiques traditionnels, d’autres religieux, d’autres laïcs. En fait, il y a un mélange de convictions et chacun a peur de perdre sa marocanité. L’identité n’a rien à voir avec tout cela. Tout un chacun peut être ce à quoi il aspire tout en gardant son identité marocaine. Etre moderne, ne veut pas dire perdre son identité, être musulman pratiquant ou non pratiquant ne veut pas non dire perdre son identité. Nous sommes un peuple marocain pluriel. Nous devons nous accepter tels que nous sommes, nous devons être tolérants et accepter les différences de chacun.
Pour revenir à l’édition, toute littérature ne dialogue pas seulement avec un lecteur précis, elle s’adresse aux lecteurs de tout bord. Personnellement, quand j’édite un livre, je tiens à préserver l’identité marocaine, non pas par chauvinisme, mais surtout pour que les enfants marocains retrouvent leurs repères dans les livres, mais aussi pour faire connaître notre identité aux autres enfants d’autres horizons.
Comment un artiste peut tirer d’avantage de la diversité et la pluralité de notre identité marocaine ?
A travers les siècles, le Maroc a toujours été une terre sur laquelle se sont croisées différentes identités spirituelles et culturelles, religions, croyances et langues, dans le respect mutuel. Le peuple, riche de sa diversité, partageait les traditions et les valeurs en toute quiétude.Les artistes, quant à eux, sont les messagers de cette richesse. Grâce à leur art, ils diffusent la diversité et la pluralité du patrimoine culturel et artistique du Maroc. Leurs voix sont essentielles et s’inscrivent parfaitement dans le mouvement actuel de l’art international. Modernité ne veut pas dire renier son identité. L’artiste doit innover, tenir un langage universel. Nous ne pouvons vivre dans une bulle sous prétexte que notre identité sera altérée. Plusieurs noms brillent dans le monde entier par leur apport. Chaïbia, Kacimi, Mernissi, Benjelloun, Laabi, Laroui, Les Gnaouas et j’en passe.
Quel rôle peut jouer l’art et la culture en matière de la préservation de notre patrimoine et mémoire collective ?
Parmi les trésors importants à préserver et à sauvegarder pour les générations futures est notre patrimoine culturel. Il est la preuve de notreappartenance à une tradition et à un mode de vie. Il s’agit de chansons, de gastronomie, de littérature, de contes, d’architecture, de monuments… Je parlerai précisément des contes. Ils représentent uneminede richesses inestimable. En tant qu’éditrice de livres pour enfants et jeunes, je travaille sur la transcription de cescontes, car la génération qui les détient prend de l’âge et cethéritage risque de disparaître avec elle. Je travaille sur la collecte de ces contes et comptines marocaines que malheureusement les jeunes générations ne connaissent pas, ou connaissent très peu, afin de ne pas tuer la mémoire collective.